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 "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs

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Thaïs de Langres
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MessageSujet: "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs   "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs EmptyVen 27 Aoû - 6:33

Icare.

Ce nom se répétait inlassablement à l’esprit de Thaïs. Icare et ses ailes de cire. Icare qui voulait atteindre le soleil. Icare qui chutait.

Elle ne devait oublier ce mythe de la vanité si elle voulait atteindre ce qu’elle se fixait. Elle savait son jeu dangereux, périlleux, et sa position instable si l’on venait à douter de sa sincérité.

Elle ne devait pas être Icare, emporté par sa fougue. Elle devait être Athéna la sagesse afin d’atteindre Hélios sans dommage.

-Ne soyez pas vindicative aveuglément, Thaïs.

-Gaspard, savez-vous ce que je vois toutes les nuits?

Je vois mon père se faire transpercer. Je vois ce canon de pistolet tiré, et mon père tomber le visage figé. Il n’y a qu’une seule chose dont je ne peux me souvenir, ce sont les traits de cet homme qui a fait feu.

Chacun de ces hommes que je croise ici chaque jour peut-être ce bras armé, Gaspard. Chaque nuit, je vois sur ce visage inconnu les traits de l’un de ces courtisans impériaux.


Thaïs savait qu’elle se nourrissait de ce souvenir pour ne pas faillir, pour ne pas se laisser emporter par cette oisiveté dans laquelle la noblesse impériale l’entraînait. Elle ne voulait pas oublier, et se forçait à haïr afin de nourrir sa rancœur qui ne trouvait plus de repos.

Atteindre le soleil en touchant ses planètes.

Tel était ce qu’elle avait décidé, et à présent, elle savait qu’elle devait atteindre Mars, entre les mains de qui pouvait se jouer l’avenir politique de la France.
Il restait malheureusement si loin d’elle qu’elle ne pouvait l’atteindre personnellement, et petit à petit, elle avait établi une liste de ceux par qui elle pouvait toucher à ce but. L’ordre était simple, la règle du jeu était aisée, il n’y avait plus qu’à l’appliquer, et à jouer habilement afin de ne pas laisser tomber son masque.

Longeant la galerie des Tuileries emplie de courtisans, elle hochait brièvement la tête dans un sourire courtois, saluant les quelques amis d’intérêt qu’elle entretenait au sein de cette cour impériale.
Ducs, comtes, chevaliers…qu’importe le rang, seule primait la fonction aux yeux de la jeune femme.

Thaïs serrait dans sa main le petit billet remis par les domestiques de Gaspard, et jeta furtivement un œil à l’écriture fine de son ami.

« Salon de Diane »

Thaïs sourit doucement en observant ces quelques mots. Gaspard resterait toujours avare de mots dans ses missives, mais les deux jeunes gens se connaissaient trop bien pour se comprendre mutuellement.
Sans un mot, elle longea la salle de la Paix, et s’engouffra lestement dans le salon de Diane.

Quelques courtisans conversaient discrètement, et Thaïs se rassura sur ces présences fort peu gênantes. Aucun son ne pourrait être entendu par une oreille indiscrète.

-Thaïs, éloignons-nous vers ces tapisseries, nous serons plus au calme.

La voix furtive de Gaspard fit sursauter légèrement la jeune fille qui le suivit sans répondre. Elle jeta un œil aux petits groupes, trop occupés par leurs propres conversations pour prêter attention à cette entrevue entre les deux jeunes gens.
Au yeux de tous, la petite scène semblait bien plus galante que comploteuse, et dans un sourire mauvais, Thaïs se retourna vers Gaspard.

-Je vous écoute, Gapsard. Vous m’avez dit posséder quelques informations.

-Ce jeu sera périlleux, Thaïs, et je ne vous garantie pas le succès de cette petite entreprise.

-Mais il sera utile, n’est-ce pas ?

-L’homme est bien connu pour la défiance que l’empereur lui porte. Cette nouvelle scène dans votre pièce sera donc bien utile. Du moins, vous l’aurez joué, et n’aurez aucun regret.

-Quelles seraient les conséquences d’un échec ?

-Avec un tel homme, difficile de le dire. Mais vous ne l’avez pas encore atteint ; soyez patiente, et ne craignez pas le futur.

-Je vous écoute.

-Monsieur de la Rochefoucauld. Il semblerait qu’il soit proche de lui. L’atteindre pourrait vous ouvrir une porte.

-Monsieur de la Rochefoucauld est royaliste, Gaspard ! Quel intérêt y aurais-je ?

-Cette option est une option comme une autre, Thaïs ! A vous de décider si vous souhaitez jouer cavalier seul ou non dans cette course à la chute impériale !

La jeune fille soupira, et détourna la tête quelques instants, en proie à de sombres réflexions. Son ami avait touché juste : devait-elle ou non rester seule ? Sa tâche n’était certainement pas isolée, et elle doutait de l’inactivité des princes et du roi. Elle n’avait jusque-là souhaité chercher un moyen de la contacter, mais plus Mars se rapprochait, plus la chaleur du soleil touchait ses ailes.
Elle ne devait pas être Icare par vanité.

Elle reposa ses yeux sur Gaspard, se mordant la lèvre inférieure tout en réfléchissant.

-J’essaierais, Gaspard. Le jeu en vaut la chandelle, et je crois pouvoir assurer mes arrières par de nombreuses connaissances et…amitiés…forgées ici. De mes ennemies, comme cette Gabrielle de Manseau, je connais leur force et sais les exploiter.

Le jeune homme hocha la tête dans un sourire rassuré.

-Je vous fais entièrement confiance, Thaïs.

Prenez ce petit billet. A l’intérieur se trouve l’adresse à laquelle vous pourrez trouver la femme dont nous parlions l’autre jour. Elle pourra vous fournir un grand nombre d’informations. Ne craignez rien, il ne s’agit pas d’un quelconque guet-apens ! Cette femme ne peut cependant plus montrer ni son visage ni son nom dans cette cour impériale. Le souvenir du prince de Condé est encore vivace à l’esprit de tous, et on ne pourrait que la reconnaître.


Thaïs afficha un sourire compréhensif, et petit à petit, les images de ses exploits à venir lui apparaissaient à l’esprit. Tout semblait clair, concis et tracé. Elle n’avait qu’à suivre ce chemin qu’elle se dessinait à l’heure où parlait encore Gaspard ; rien n’était plus évident.

-Je regarderais cela en détail au calme de mon appartement, Gaspard. Encore une fois, je ne peux que vous remercier de ce soutien.

Je n’ai hélas pas plus de temps devant moi, la princesse de Beauharnais m’a convié à ses jeux, et je ne peux me permettre d’y arriver en retard !


Le jeune homme se pencha courtoisement sur la main de la jeune femme qu’il avait saisie, et quitta le salon aussi discrètement qu’il était entré, ne brisant le silence qui l’habitait.

Thaïs jeta un œil sur le petit papier plié, et poussé par une curiosité grandissante, ne pu retenir ce désir de l’ouvrir.
Elle jeta un œil autour de la pièce, et par sécurité, préféra les couloirs sombres des couloirs réservés aux domestiques.
Elle recula de peu de pas vers la tapisserie entrouverte, et poussa la porte non fermée, avant de s’engouffrer dans la petite galerie assombrie.

Mais à peine avait-elle refermée la porte qu’une main avait fermement saisit son bras, et dans un mouvement de stupeur, Thaïs ne songea qu’a étouffer son cri, avant de se retourner et de fixer la jeune fille qui lui faisait face.
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Delphine Loiselle
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MessageSujet: Re: "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs   "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs EmptyVen 15 Oct - 2:17

Elle avait encore fait ce rêve stupide ! Il l’avait tenue jusqu’aux aurores et même davantage et avait causé son retard auprès d’Elisa. Elle s’en était excusée bien entendu et avait été pardonnée car la sœur de l’empereur connaissait l’état de ses services, mais Delphine s’en voulait et ce doublement. Non seulement pour ce manque à la ponctualité, mais surtout pour avoir imaginé une énième fois des retrouvailles avec sa mère. Sa parente était son obsession et était si présente dans son esprit par son absence même, que la jeune fille aurait parfois voulu s’en moquer éperdument. Cette femme l’avait abandonnée, il n’y avait pas d’autres explications, alors pourquoi la camériste s’accrochait-elle à ces chimères idiotes ? Elle aurait dû la haïr mais bien au contraire, elle souriait chaque matin devant son miroir, au souvenir de cette image maternelle floue aperçue durant la nuit.

Delphine déposa sa corbeille de linge sale à la blanchisserie et en sortant, se gifla comme pour se réveiller pour de bon. Oui elle devait cesser absolument d’espérer en quelque chose qui n’arriverait jamais ! Les rêves ne nourrissent pas et si elle persistait à se mettre en retard pour de telles broutilles, elle serait bientôt renvoyée. Or cette charge auprès d’Elisa Bonaparte était ce qu’elle avait réussi de mieux dans sa vie. La chance lui avait enfin souri à elle la pauvre orpheline, en occupant cette fonction que bien d’autres servantes de la Taverne de l’Aigle lui enviaient ! Elle ne gâcherait pas cette opportunité !

En outre, malgré l’aspect alléchant de son emploi, elle n’en demeurait pas moins une sujette banale ne jouant pas dans la Cour des Grands. Comment dans ces conditions aurait-elle pu ne serait-ce qu’envisager de pouvoir retrouver sa mère ? Dans un fol espoir, elle l’avait souhaité, mais à présent la demoiselle constatait que les contes de fées n’étaient vraiment que pour les enfants … Et elle n'en avait plus l’âge. Delphine hormis Elisa ne connaissait, en effet personne aux Tuileries, et sa maîtresse lui dissimulait certaines choses elle le savait. A qui aurait-elle pu faire confiance ? Hélas à personne et qui dans ce monde de requins où la politique régnait, se serait soucié d’aider une jeune fille à la recherche de ses parents ? Sans argent, sans titres, on existait pas ici, comme sous l'Ancien Régime. Au final, peu de choses avait changé. Un instant, elle songea à ce Talleyrand qui se montrait étrange et protecteur avec elle … mais la perspective la dégoûta tant que l’idée ne fit que lui traverser l’esprit ! Non elle était seule, tout à fait seule !

Bougonne, boudeuse, contrariée, sourcils froncés, la jeune camériste remplit ses tâches avec d’autant plus de zèle qu’à l’accoutumée. Se sentant coupable et responsable de son étourderie, elle voulait se rattraper non pas aux yeux d’Elisa qui était occupée à tout autre chose mais à ses propres yeux. Elle envisagea même de réduire son temps de sommeil pour commencer plus tôt le matin et ainsi occuper son esprit à penser à ses tâches et non plus à sa famille perdue à jamais.

Le soir était tombé et les convives de l’Empereur se pressaient déjà dans les différents salons du palais. Toujours de très mauvaise humeur, Delphine achevait donc de taper les nombreuses tapisseries afin d’y enlever la poussière qui ne manquait pas de s’y s’engouffrer. Elle allait éternuer une énième fois lorsque la porte s’ouvrit et deux courtisans entrèrent. La camériste crut tout d’abord à deux tourtereaux cherchant l’isolement afin de s’embrasser, ne désirant pas tenir les chandelles, alors que l’amour avec Charles de Flahaut lui était également interdit par la fatalité, elle allait se retirer lorsque se rapprochant des tapisseries, les deux individus se mirent à chuchoter … comme pour comploter. Elle décida donc de tendre l’oreille ! Cela pouvait devenir fort intéressant …

-Monsieur de la Rochefoucauld. Il semblerait qu’il soit proche de lui. L’atteindre pourrait vous ouvrir une porte.

-Monsieur de la Rochefoucauld est royaliste, Gaspard ! Quel intérêt y aurais-je ?

-Cette option est une option comme une autre, Thaïs ! A vous de décider si vous souhaitez jouer cavalier seul ou non dans cette course à la chute impériale !

Il s’agissait bel et bien d’une conspiration contre Napoléon ! Une course à la chute impériale … la Rochefoucaud, royaliste chevronné ! Cette conversation confidentielle qui désormais ne l’était plus, devenait de minutes en minutes quasiment providentielle car un plan ingénieux se dessinait peu à peu dans l’esprit de la jeune fille. Elle eut ainsi le premier sourire de la journée.

-J’essaierais, Gaspard. Le jeu en vaut la chandelle, et je crois pouvoir assurer mes arrières par de nombreuses connaissances et…amitiés…forgées ici.

Delphine osa se mettre légèrement à découvert pour savoir qui parlait ainsi. L’homme, elle ne le reconnut point et de plus il se trouvait de dos, tandis que la jeune femme, elle la reconnut au premier coup d’œil. En effet les serviteurs ont souvent cette faculté de se souvenir de nombreux visages, contrairement à ces gens de la Haute qui ne posent qu’un furtif regard dédaigneux sur les gens de sa caste. La camériste aurait pu jurer sur l’Etre Suprême que jamais cette mademoiselle de Langres ne l’aurait reconnu elle. En outre, ce Gaspard ne venait-il pas de la nommer Thaïs, le doute n’était plus permis sur son identité.

La camériste aurait pu se ruer vers les appartements de l’Empereur et dénoncer tout ce qu’elle avait entendu, ainsi que le nom de la coupable et le prénom de son complice, mais elle n’en fit rien. Sans doute aurait-elle pu obtenir de lui, son entière assistance dans la recherche de ses parents. Hélas il y avait un grand MAIS, cette Thaïs était de la plus haute noblesse et Delphine n’était rien, c’était donc sa parole contre la sienne … Et sa parole ne ferait sans doute pas le poids. Or … mademoiselle de Langres lui offrit cette preuve sur un plateau.

- Prenez ce petit billet. A l’intérieur se trouve l’adresse à laquelle vous pourrez trouver la femme dont nous parlions l’autre jour. Elle pourra vous fournir un grand nombre d’informations. Ne craignez rien, il ne s’agit pas d’un quelconque guet-apens ! Cette femme ne peut cependant plus montrer ni son visage ni son nom dans cette cour impériale. Le souvenir du prince de Condé est encore vivace à l’esprit de tous, et on ne pourrait que la reconnaître.

Condé n’était ce point le nom porté par l’un des chefs de la Fronde ? Delphine avait eu en effet des cours d’histoire à l’orphelinat et il s’agissait de ces leçons préférées, car souvent des personnes parties de rien s’étaient élevées au point d’avoir toutes les faveurs. Peut-être qu’un jour la sienne lui serait donc accordée, grâce à ce qu’elle venait de découvrir. Mais il lui fallait agir et ce très vite.

Lorsque Gaspard quitta le salon, Thaïs y demeura quelques instants, les yeux fixés sur le morceau de papier. Delphine pria si fort pour qu’elle sorte par les tapisseries, que son vœu en fut exaucé. La noble demoiselle désirait sans doute le calme des corridors réservé à la domesticité que les couloirs bruyants où se mêlaient des centaines de courtisans. La camériste se tapit dans l’ombre derrière la porte. Quand Thaïs voulut refermer la porte, dans un seul élan, Delphine lui posa la main sur le bras, comme pour lui empêcher de se débattre, et lui arracha le billet qu’elle tenait dans l’autre.

Sans perdre une seconde de plus, elle se mit à courir à perdre haleine vers les appartements de sa protectrice. Soit, elle désirait s’entretenir avec cette jeune femme afin de lui proposer un arrangement, mais pas ici à l’abri des regards, après tout, même si elle l’avait reconnue, elle ne la connaissait pas et l’autre aurait pu l’agresser à son tour, provoquant peut-être la perte du précieuse document.

- Rejoignez-moi dans cinq minutes, devant les appartements de la princesse Elisa. Si vous ne désirez pas que ce billet ne soit dans une heure entre les mains de l’Empereur, je vous conseille d’être ponctuelle mademoiselle de Langres !

Elle fit tomber exprès son nom pour lui signifier qu’elle ne jouait pas et qu’elle savait absolument tout et jusqu'à son identité, puis dévalant des escaliers, elle disparut en direction du lieu du rendez vous qu’elle venait de lui donner.

[HJ: Vraiment désolée pour le retard même si tu étais au courant.] Embarassed
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Thaïs de Langres
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MessageSujet: Re: "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs   "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs EmptyVen 5 Nov - 9:25

Plus immobilisée par la surprise que par la poigne soudaine de la jeune fille, Thaïs se laissa arracher son précieux sésame des mains, totalement désemparée.
Elle n’eut à peine le temps de tendre l’autre bras pour tenter d’agripper un pan de la robe de l’inconnue, que celle-ci avait filé dans les couloirs tamisés par les petites lampes à la lumière faiblarde.
Thaïs se mordit la lèvre en se frottant le bras et lança un regard noir vers la silhouette de la jeune fille qui s’était arrêté un court instant. Dans la pénombre, elle semblait tel un oiseau de proie autours d’un butin, défendant ce qu’elle avait volé avec acharnement.

L’œil noir, Thaïs fit quelques pas en avant, la main glissant silencieusement sur les murs. Un court face à face muet entre deux âmes farouchement décidées à conserver son bien avait pris place loin des regards d’une cours futile.
Elle marchait lentement, comme pour ne pas effaroucher l’animal sauvage qui avait fondu sur elle, mais celle-ci lui jeta ses propres règles du jeu à la figure, avant de s’éclipser dans les dédales sombres.

- Rejoignez-moi dans cinq minutes, devant les appartements de la princesse Elisa. Si vous ne désirez pas que ce billet ne soit dans une heure entre les mains de l’Empereur, je vous conseille d’être ponctuelle mademoiselle de Langres !

Un coup de poing n’aurait eu d’autre effet que celui que lui fit cette dernière phrase. Cette peste connaissait son nom, elle l’avait reconnue ! Maudite soit son insouciance ! Un seul faux pas et Thaïs perdait la totalité des gains qu’elle avait misés dans ce jeu dangereux.
Elle se mordit à nouveau la lèvre, lançant un éclair à l’ombre de la jeune fille qui subsistait malgré la départ de celle-ci. Qui était-elle ? A la vue de sa robe simple, de sa coiffure peu élaborée, certainement une camériste ou une dame de compagnie...les couloirs lui avaient donc offert tous leurs secrets.

Thaïs ne devait pas perdre pied face à cette idiote de camériste et conserver son calme. Appuyée sur le mur, elle ferma les yeux et réfléchis un court instant à la situation et aux solutions qui se présentait à elle.
Un mince sourire élargit ses lèvres roses lorsque l’évidence lui sauta à la gorge. Ce billet ne comportait qu’un seul nom. S’il était dévoilé aux instances supérieures, une seule tête tomberait.
L’idiote pouvait bien livrer son nom, c’était la parole d’une camériste contre celle d’une comtesse !

Un petit rire assuré agita la jeune fille et docilement, Thaïs tâtonna dans les couloirs pour retrouver son chemin. Les lumières se firent soudainement moins rares, les couloirs plus élargis et habités, et Thaïs recouvra son assurance habituelle. Elle se repérerait aisément, à présent !
Tout en marchant, elle songea au marché que lui proposerait certainement la petite sotte. De quoi pouvait bien vouloir une camériste ? D’argent, certainement. Ou d’une porte ouverte pour laisser aller son cœur dans les tourments de l’amour ? Ou encore quelques secours face à un maître bien trop dur ?
Qu’elle que fut la raison qui poussait la jeune fille à agir ainsi, Thaïs gardait confiance. Son nom, même livré, ne serait pas entâché par de telles affabulations ; elle possédait bien trop de relations pour qu’aucune ne la soutienne s’il le fallait.
Cette idiote paierait le prix de son geste. Du moins…si son marché n’en valait pas la peine.

Quelques domestiques s’inclinaient prestement devant la jeune comtesse, le regard étonné de voir Mlle de Langres en de tels lieux. D’ordinaire hautaine dans ce masque impérialiste, il était de notoriété publique que la jeune femme ne mâchait aucun de ses mots face aux valets et domestiques ; si elle traitait les siens avec respect, on disait qu’elle ne se privait pas pour les congédier si le linge n’était pas sec à temps !
Thaïs ne prenait jamais ombrage de ses ragots et poussait le plaisir jusqu’à les alimenter, demandant à ses propres valets de forcer le trait de son horrible caractère. Si l’on passe pour odieuse, autant le paraître totalement !

Cette voleuse de camériste le savait-elle ? L’hypothèse était probable ; une tête brûlée aurait pu vouloir joueur avec le feu et agacer la jeune comtesse.
Tout en descendant les marches de bois qui menaient aux appartements de la princesse Elisa, Thaïs songea à nouveau à cet éventuel marché.
Elle ne devrait rien céder de ce qui lui appartenait. Quoi que la jeune fille pu lui proposer, rien ne devait être relâché.

Elle l’aperçu bientôt devant la porte close de la princesse, le front baissé. Lisait-elle à nouveau ce billet ? Avait-elle seulement entendu l’aparté entre Gaspard et elle ? Thaïs sentit son estomac se contracter à l’idée de voir Gaspard impliqué dans cette affaire. Il devait absolument être éloigné de tout cela.
Une horloge tinta dans la pièce, égrenant lentement les coups de l’heure qui naissait.

-Vous m’avez donné un ordre que je pouvais ne pas accepter, mademoiselle, mais je l’ai suivi. A vous à présent de répondre au mien : remettez-moi ce billet. Je doute que vous ne souhaitiez être congédiée pour le vol d’une de ses magnifiques bagues ?

Thaïs, le regard noir, afficha un léger sourire satisfait.


-Votre parole contre la mienne, mademoiselle ; à moins que vous n’ayez autre chose à me proposer ?
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MessageSujet: Re: "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs   "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs EmptyDim 12 Déc - 9:55

C’est une Delphine triomphante, le cœur battant d’excitation qui parcourut le chemin qu’elle empruntait chaque jour, pour le service d’Elisa. Excitation était bien le mot, car jamais elle ne se serait cru capable d’une telle audace, envers qui que ce soit et surtout pas envers une courtisane de renom. Elle avait osé et tout ça pour sa mère. Elle n’avait pas réfléchi, et avait agi par instinct presque par réflexe, et si d’un côté elle s’en félicitait, de l’autre elle n’ignorait pas que cela pouvait lui attirer de graves ennuis. Parvenue devant la porte close et le couloir désert des appartements impériaux, la jeune camériste s’assit sur une banquette, et tenta de se calmer afin de réfléchir posément sur l’attitude à adopter.

Elle avait deux solutions, soit elle tenait tête à mademoiselle de Langres quoiqu’elle fasse, c'est-à-dire chantage et menaces et prenait des risques énormes, soit elle lui cédait et rendait la lettre, et balayait de la sorte toute chance de retrouver sa mère. Face à un tel dilemme, elle ne cessa pas de reporter les yeux sur la dite missive ainsi que sur la grande pendule qui lui faisait face, dans un manège presque hypnotisant. Deux minutes … Que faire ? Le tic tac de l’horloge l’agaçait dans ses réflexions et c’est presque, si elle lança son sabot sur elle, afin de la faire taire. Une minute … Prise par le temps, la jeune fille résolut alors d’improviser, selon les arguments et la réaction de la conspiratrice qu’elle venait de prendre sur le fait.

En entendant d’ailleurs ses pas qui s’approchaient d’elle, Delphine se redressa automatiquement. Autant en imposer à cette noble dame, avant le combat final, car elle n’ignorait certainement pas qu’il y aurait bataille et qu’elle serait rude.

" Vous m’avez donné un ordre que je pouvais ne pas accepter, mademoiselle, mais je l’ai suivi. A vous à présent de répondre au mien : remettez-moi ce billet. Je doute que vous ne souhaitiez être congédiée pour le vol d’une de ses magnifiques bagues ? "

Le petit sourire satisfait qu’elle afficha, finit d’irriter mademoiselle Loiselle qui redressa fièrement la tête, tout en gardant le silence.

" Votre parole contre la mienne, mademoiselle ; à moins que vous n’ayez autre chose à me proposer ?"

Prise de haut, méprisée pour sa condition, Delphine savait à présent avec exactitude, quelle conduite tenir, face à une telle pimbêche, qui visiblement n’avait pas retenu les leçons de la Révolution. Qu’importaient les risques, elle conserverait l’énorme pouvoir qu’elle avait sur elle, bien que la dame dans son orgueil fasse semblant de l’ignorer.

- Ma parole n’est rien madame, je vous l’accorde, et la votre aura certainement beaucoup plus de crédit …

La camériste laissa retomber sa voix comme si elle se soumettait à son adversaire. Le roseau doit savoir parfois plier avant de se redresser, ou le fauve se mettre à terre, avant de s’élancer sur sa proie.

- Cependant, vous ignorez sans doute que j’ai toute la confiance de la sœur de Sa Majesté, sœur chez qui nous nous trouvons. Je connais la princesse Elisa depuis des années, elle m’a recueillie et me protège comme une louve. Aussi si un complot se tramait contre son frère, et mettait en péril le rang qu’il lui a offert lors de son sacre, mon premier réflexe ne serait-il pas de la prévenir ?

Ce fut à son tour de sourire avec satisfaction, parfaitement consciente qu’elle était en train de marquer un point décisif dans cette manche.

- Et le sien ne serait-il pas de prévenir l’empereur ? J’admets volontiers que je ne fais pas le poids devant vous, mais j’ose espérer que vous admettez à votre tour, que vous ne faites pas le poids devant la parole de madame Elisa. Aussi, criez si cela vous chante, vous ne gagnerez qu’une chose, que l’on me fouille pour retrouver la dite bague soi disant volée, et que l’on retrouve le précieux document que vous désirez tant.

L’espace de quelques secondes, Delphine se surprit elle-même d’une telle riposte. Comme si la ruse était chez elle innée, comme si l’art de la feinte et de retomber sur ses pieds était dans ses gênes. Plus que de la surprise, cela l’effraya, mais ce n’était pas le moment.

- Négocions voulez-vous, car j’ai en effet quelque chose à vous proposer et qui n’a rien à voir avec l’or. Mes gages me suffisent. Ce que j’attends de vous est un service.

Tout à coup plus douce dans son discours, Delphine tenta d’apaiser l’atmosphère en se montrant plus conciliante.

- Mais asseyons nous madame s’il vous plait, bien que je vous mette au pied du mur, je ne suis pas une ennemie, mais plutôt quelqu’un de désespéré que j’espère vous pardonnerait un jour, d’avoir agi ainsi.
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MessageSujet: Re: "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs   "Mon silence contre votre bras" ~Delphine vs Thaïs EmptyMer 2 Mar - 4:19

Petite idiote de camériste ! Elle ne devait pas être bien plus âgée qu’elle et se permettait de la traiter ainsi ? Bien sûr, sa parole avait plus de crédit que celle d’une pauvre fille ! Bien sûr elle…
Les pensées de Thaïs s’arrêtèrent net et fixa la jeune fille dans les yeux. Elle savait qu’à cet instant, son regard ne pouvait être plus glacial que cette eau où les paysans l’avaient trouvé lorsqu’elle avait dix ans. Elle sentait son cœur cogner contre sa poitrine, alors que le visage candide de cette stupide fille se muait en un masque révolutionnaire. Elle ne valait finalement pas mieux que les autres, que tout ceux qui se courbaient pour mieux chuchoter entre eux, ou qui endormaient la confiance pour mieux vous étouffer la nuit.
Elle avait peut-être ce minois doucereux, mais elle n’en restait pas moins aussi sournoise que ces ennemis contre qui elle avait lancé sa propre vie.

Protégée d’Elisa Bonaparte ? Proche de l’Empereur ? Elle ne pouvait mentir, l’on voyait la fierté briller dans ce regard farouche. Thaïs savait le poids des paroles de caméristes ; elle connaissait la relation qui pouvait les unir à leurs maîtresses et celle de cette fille était bien trop puissante pour s’y attaquer en toute impunité.
Elle entendait presque son cœur battre contre sa poitrine et apaisa silencieusement sa respiration qui s’était emballé sous cette annonce et à l’idée que l’on découvre le billet sur la fille.
Il fallait agir prudemment, intelligemment. La proposition de chantage qu’elle venait de lui lancer pouvait la libérer plus que l’entraver et elle sentait la camériste plus encline à ce projet qu’à la délation. Il fallait la pousser dans ce sens si elle se dévoyait. Ne jamais perdre le fil de ces négociations.

-Négocions voulez-vous, car j’ai en effet quelque chose à vous proposer et qui n’a rien à voir avec l’or. Mes gages me suffisent. Ce que j’attends de vous est un service.

Thaïs haussa le sourcil et releva le menton comme d’un air de défi. Elle lui proposait un marché qu’elle allait accepter, mais elle ne devait pas la laisser prendre le dessus…c’eut été avouer sa faiblesse. En quelques instants, elle réfléchit à la façon dont la fille pourrait lui servir. Elle était bien trop proche du pouvoir pour se mettre en danger et en savait déjà bien trop. La brusquer, c’était risquer de voir son secret éventé.
Thaïs fit quelques pas dans le petit couloir, croisant les mains derrière le dos et tourna la tête vers la jeune fille, dont le regard lui sembla plus conciliant ; mais la rancœur la rendait toujours amère.

-Quel service avez-vous à me demander, petit maître chanteur, lança-elle d’une voix froide ? Vous savez que je conspire ; les conspirateurs ne sont jamais seuls et malgré vos relations, vous pouvez vous douter qu’il m’est aisé de vous rendre plus muette qu’un cadavre de cul-blanc.

Thaïs n’avait pas haussé la voix, ni ne s’était raillé. Elle avait gardé un ton neutre, comme pour faire comprendre à cette petite tête que ce jeu pouvait se révéler bien plus dangereux qu’elle ne semblait le comprendre.
Mais elle hocha la tête dans un sourire de convenances.

-Je vous écoute ; je verrais ensuite pour les négociations d’usages.


- Mais asseyons nous madame s’il vous plait, bien que je vous mette au pied du mur, je ne suis pas une ennemie, mais plutôt quelqu’un de désespéré que j’espère vous pardonnerez un jour, d’avoir agi ainsi.


Thaïs hocha à nouveau la tête en suivant la fille dans une salle basse, reculée des couloirs passants. Les quelques mots restaient en sa mémoire. Lui pardonner son désespoir ? Elle lui demandait cela, à elle qui ne vivait plus que pour ne jamais pardonner à ces bourreaux ?

-Moïse ouvrit la Mer Rouge et les soldats romains furent engloutis, répondit-elle sur un ton égal. Le pardon n’a pas de limite pour le Tout Puissant, mais je ne suis que mortelle, mademoiselle.

Elle s’assit sur le banc de bois, jetant un œil à la pièce où elles se trouvaient toutes deux. Elle posa à nouveau un regard froid sur la jeune fille.

-Avant de quérir mon pardon, demandez-moi – ou demandez-vous – quelles sont les raisons qui me poussent à agir ainsi.

Elle se tut un court instant sans laisser le temps à la camériste de répondre, puis approcha son visage du sien sans la quitter des yeux, jusqu’à ce qu’elle ne soit qu’à quelques centimètres d’elle.

-Je prie chaque jour et chaque nuit depuis près de dix ans pour que le Seigneur m’aide à pardonner à mes bourreaux et je prierai jusqu’à ce que je parvienne à le faire. Les vôtres ont décimé ma famille, mes amis, mon peuple et ont consumé mon pays. Ne me demandez pas d’ajouter le votre à cette liste de pardons à donner.

Elle resta en silence une courte seconde puis se redressa d’un geste leste et se rassit. Son regard s’éclaircit et Thaïs poussa un léger soupir.

-Je vous écoute, mademoiselle, et espère que les raisons qui vous poussent à mettre votre vie en danger sont valables. Car je ne suis pas une meurtrière, mais j’en connais certains qui seraient heureux de trouver du travail.

Sa voix sûre et ferme voulait non pas intimider la fille, mais la prévenir que malgré ce pouvoir qu’elle possédait sur elle en détenant le billet, Thaïs était encore libre de ses mouvements et n’était pas si dépourvue qu’elle semblait l’être actuellement. Mentir pour la bonne cause...Thaïs savait qu'un péché en plus ne faisait plus le poids face à ce goût amer qu'avait le désir de nuire.
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