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 Leçons pour des nouveaux arrivés.

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Napoléon Bonaparte
Napoléon Bonaparte
Tell me who you are...
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Date d'inscription : 27/04/2010

Feuille de personnage
Désirs: Ma jeune maîtresse sous moi....
Secrets: Je pense malheureusement à répudier de ma femme...
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MessageSujet: Leçons pour des nouveaux arrivés.   Leçons pour des nouveaux arrivés. EmptyMar 4 Mai - 5:18

-Mademoiselle, Monsieur, je suis ici pour vous apprendre les usages de la Cour impériale, l’Étiquette et la façon qu’il convient d’y vivre puisque, selon les souhaits de l’Empereur, vous aurez l’honneur d’être à son service. Mademoiselle dans la Maison de l’Impératrice, Monsieur dans celle de l’Empereur. Pour faire de vous de serviteurs de l’État, tout comme des Souverains, vous devez maîtriser à tout prix tous les aspects de votre prochaine vie.

L’homme regarda les deux figures roses épanouies qu’il avait devant lui. Des blancs-becs, qui ne connaissaient rien à la vie et qui semblaient avoir été élevés dans une basse cour. Déjà la jeune fille poussait son frère.

-Mademoiselle! Tenez votre place, je vous en prie! Savez-vous que, selon le Code civil, vous serez toujours une mineure, passant de la tutelle de votre père à celle de votre mari. Quand vous serez veuve, ce sera sous la coupe de votre frère que vous serez. Il vaut mieux pour vous de commencer immédiatement à gagner ses faveurs. Lorsque vous serez mariée, Mademoiselle, vous aurez des devoirs, mais aucun droit. Vos biens appartiendront à votre mari et vous devrez avoir son autorisation pour toute chose ne touchant pas l’intérieur du foyer. Et gare à vous, si vous tentez d’échapper à cette condition en devenant une vieille fille! Vous serez un paria! Et n’ayez pas d’amies dans les cercles de femmes légères; cela tacherait à coup sûr votre réputation, qui est ce que vous avez de plus précieux.

En entendant ce brusque discours, la jeune femme se tut. Content d’avoir réussi à calmer l’énervée, le professeur s’appuya contre un guéridon.

-Et vous, jeune homme, vous devez protection à votre femme, dès que vous prendrez une, en même temps que vos compatriotes qui sortiront du lycée. Alors que vous le ferez pour obéir à la volonté paternelle et pour conclure une prestigieuse alliance, les autres garçons le feront pour éviter la conscription ou pire, parce qu’ils sont en amour!

-Je vous trouve bien dur, monsieur, envers l’amour, commenta immédiatement la jeune femme, l’air hautain.

-Et je vous trouve fort naïve, mademoiselle! Oui, vous rencontrerez bien quelque galant dans les fêtes de famille, les bals, les ventes de charité ou même à la messe… Mais cet amour romantique, ces instants où il vous pincera le bras s’effaceront bien rapidement lorsque votre père vous trouvera un vieux général ayant fait la Vendée! Voilà qui serait une belle fin, n’est-ce pas? Parce que, mademoiselle, les viols sont fréquents. Oh, non, ne faites pas la sourde oreille! Cela arrive bien souvent, malgré qu’ils soient fortement réprimés. Maintenant, sortez quelques instants. Je dois parler à votre frère.

Rose de gêne, la demoiselle quitta la pièce en refermant la porte derrière elle. Pourtant, le professeur savait bien qu’elle avait l’oreille sur le loquet. Baissant le ton, s’assoyant sur un tabouret, il se mit à la hauteur de l’adolescent.

-Les femmes doivent avoir le moins de contact possible avec leur propre corps, mais vous, vous êtes un homme et vous pouvez, que dis-je!, vous devez – car il est bien vu – de multiplier les expériences sexuelles avant votre mariage. Les prostituées galantes du Palais-Royal ou les grisettes de la place Saint-Jean y sont excellentes. Profitez-en bien de ces instants de jeunesses, car une fois marié, vous ne ferez l’amour que dans le noir, furtivement, et ce, exclusivement dans la position du missionnaire dans le but de mieux concevoir, sans vous préoccuper de votre plaisir. Vous ne pourrez embrasser profondément votre femme; cela est obscène et vulgaire! Je vois bien dans vos yeux que vous êtes offusqué! Vous avez lu Sade, j’en suis certain. Avouez-le donc! Votre rougeur est suffisamment claire, vous cachez quelque ouvrage de ce fameux auteur sous votre matelas. Eh bien, si vous croyez faire cela avec votre femme, je vous avertis, il n’en est guère question. Il y a les maisons closes pour cela! Et pour ces débauches, il y a le condom, petit sac de peau dans lequel la semence coule sans risque d’atteindre le but. Je vous le conseille fortement. Cela vous évitera bien des embarras. Maintenant, allez chercher votre sœur.

Troublé et très gêné d’avoir entendu parler de telles choses, le jeune homme se leva machinalement et entrouvrit seulement la porte sans inviter sa sœur à entrer. D’ailleurs, celle-ci ne devait pas être très loin de la porte parce qu’elle entra immédiatement. Le professeur remarqua qu’elle était toute rouge. Bah! se dit-il, au moins, elle saura ce qu’est la chose avant de se coucher dans son lit de noces!

-Maintenant, laissez-moi vous parler des logis qu’offre Paris. Vous avez passé votre vie ici. Votre père a parcouru l’Europe, le brave, mais vous, vous n’avez jamais quitté le village qui entoure votre château. Donc Paris est une ville immense et l’Empereur veut en faire la capitale du monde; il est en bonne voie de réussir. De ce fait, la ville est perpétuellement en ébullition. On construit des fontaines, des ponts, des Arcs de triomphe! Mais à Paris, le plus extrême dénuement côtoie la plus fabuleuse richesse. Le grand nombre des Parisiens s’entasse dans des maisons vétustes, de cinq étages, en moyenne. Elles sont disposées en longueur depuis la rue, avec d’étroites façades. Le rez-de-chaussée est habituellement habité par un commerce. Le premier niveau est toujours l’étage de qualité, tandis qu’au-dessus s’installent les habitants plus modestes, jusqu’aux combles où vivent les étudiants et les artistes. Dans les quartiers populaires, les surfaces ne sont jamais grandes : à côté d’une ou deux pièces à vivre, quelques alcôves et cabinets sans fenêtre. Mais les plus aisés vivent dans des immeubles de logement collectif, d’apparence luxueuse, plus spacieux et plus confortables, copiés sur les hôtels particuliers. Justement, ceux-ci sont possédés par la noblesse impériale, la grande bourgeoisie et la haute administration. Ils vivent dans des hôtels de l’ancienne aristocratie.

-Pourquoi ne s’en construisent-ils pas de nouveaux? demanda le jeune homme, les sourcils froncés.

-Eh bien, mon garçon, tout simplement que cela paraît mieux. Ces nouveaux nobles, ces rustres qui passent leur temps sur les champs de bataille et qui s’appellent des ducs, préfèrent vivre dans d’anciens lieux de pouvoir, peut-être pour justifier leur position actuelle. Ils aiment beaucoup mieux les faire rénover à grands frais. Laissez-moi décrire maintenant de quoi a l’air le prestigieux hôtel Montmorency du maréchal Lefebvre. Le style en vogue à Paris est bien sûr le style antique, qu’on appellera bientôt le style Empire, si ce n’est pas Napoléon, aux lignes droites et aux traits épurés. Fini le Rococo! Derrière les portes cochères, ornées de boucliers et de faisceaux d’armes, qui disent tout ce que la gloire a apporté au propriétaire, on accède à de larges cours entourées d’écuries et de remises pour les nombreuses voitures qu’ils possèdent. Un perron, orné de colonnes, donne accès à l’entrée principale où un imposant escalier circulaire dessert les étages. Il y a toujours une antichambre, au moins deux salons de réception et une salle à manger. Dans les parties privées, on trouve des chambres, des cabinets de toilette et de garde-robe, une salle de bains parfois, ou l’on fait de la musique, de la broderie, de l’aquarelle… Maris et femmes disposent chacun de leurs propres appartements – vous comprenez quel rapport avec ce que je vous disais tout à l’heure, monsieur? – situés au rez-de-chaussée, donnant sur le jardin.

Le professeur prit son souffle et continua :

-Maintenant, parlons chiffons! Mademoiselle sera contente à Paris; c’est la capitale de la mode, on parle de 2 400 tailleurs qui ont élu pignon sur rue dans la ville. Louis-Hippolyte Leroy est le tailleur de l’Impératrice et c’est lui qui décide ce que seront les prochaines tendances. Pour les plus pauvres, comme vous, mademoiselle, vous allez vous adresser à madame Germond ou mademoiselle Despeaux. Peut-être seriez-vous mieux d’aller au Palais-Royal; rien qu’en cet endroit, sous ces galeries, on retrouve 6 marchands d’étoffes, 8 boutiques de mode, 2 merciers, 3 chapeliers, 4 perruquiers, 12 marchands d’habits et 4 marchands de bottes! Ah et quand vous serez aux Tuileries, mademoiselle, je vous en supplie, retirez cette hideuse robe rouge! Les femmes de la haute société ne s’habillent que de couleurs pâles, si ce n’est pas en blanc de marbre. On apporte les couleurs par les broderies, par les châles – mais prenez garde de ne pas en porter devant l’Empereur; il vous l’arracherait de façon fort violente! Il les déteste! – par une traîne ou par un manteau de cour. Et attention! la couleur de votre chapeau doit être la même que celle de vos souliers. Votre spencer, qui est extrêmement à la mode ces temps-ci, doit être de couleur plus foncée que votre robe. Évidemment plus la robe est simple, plus les bijoux doivent être éblouissants. Maintenant, les diamants ne sont plus suffisants, on les marie avec des rubis, des saphirs et toute autre pierre qui brillent et qui coûtent cher. On porte des bijoux d’inspiration antique, comme des camées et des médailles. Vous m’enlèverez donc cet affreux petit cœur en métal de votre cou! Je ne veux plus jamais le voir! Monsieur, seuls les militaires portent l’épée, pour les autres dandys, c’est la canne. Et ne vous étonnez pas, il est très tendance de fumer la cigarette. Non, ne faites pas cet air étonné. Fumez-en une dans un bal et vous aurez aussitôt une dizaine de demoiselles vous entourant. Tiens, habituez-vous immédiatement.

Le professeur sortit une cigarette de son étui et la tendit au jeune homme qui l’alluma avec une chandelle à proximité. Sa sœur commença à toussoter.

-Mademoiselle, il est clair qu’en campagne, il est bien vu d’avoir des rondeurs, mais sachez qu’à Paris, c’est une condamnation sociale que vous vous imposerez avec ce ventre! Je vous recommande les bains froids et les ceintures de sel. Vous pouvez toujours faire comme la maîtresse du général Berthier et vous faire comprimer le corps. D’accord, d’accord, les rondeurs sont tolérées, mais on n’accepte aucune exagération. Et encore là, cette tolérance n’est faite que si vous avez de l’esprit. C’est donc pourquoi, mademoiselle, vous devriez immédiatement commencer à couper le dessert. Quant à vous, monsieur, vous me couperez cette queue de cheval. C’est hideux! Mademoiselle, vous êtes cependant choyée. L’Italie étant à la mode, le brun est préféré au blond. Certaines vont même payer des fortunes pour se teindre les cheveux en votre couleur. Mais votre teint… Vous devriez aller voir M.Martin dès votre arrivée à Paris pour vous commander du blanc et du rouge.

-Mais comment nous distrairons-nous?

-Bonne question, mon garçon. Évidemment, pour mademoiselle, les lectures romanesques, comme Célina ou l’Enfant du mystère ou Mathilde, sont des choses appropriées à lire par des soirées pluvieuses. Sinon, à la Cour, le théâtre est très apprécié; les enfants de l’Impératrice s’y donnent à cœur joie; madame Hortense et monsieur Eugène font un tabac chaque fois qu’ils montent sur scène; je ne vous raconte pas quand ils ont monté le Barbier de Séville à Malmaison! Pour les demoiselles, la musique et le chant sont des armes de séduction. Vous pouvez toujours aller à Tivoli, un jardin de plaisir. Mais plus que tout, c’est la danse qui séduit à la Cour! La France entière est prise de « dansomanie ». Lorsqu’un bal est annoncé, tous s’y précipitent. Certaines jeunes femmes de la haute société, dont les petites Beauharnais, peuvent rivaliser avec les danseuses de ballet. Mais la Reine Hortense reste celle qui anime toutes les danses à Malmaison. Mais ce qui est également très à la mode, c’est le billard. Tous, même les femmes, jouent au billard. Il y a également les courses de chevaux et les cartes.

-Parlez-nous des figures principales de la Cour impériale. Vous parlez d’un et de l’autre depuis tout à l’heure, mais nous ne les connaissons guère.

-Comment? Mais voilà qui est idiot! Vous auriez dû me le dire avant! Ce qui compte à la Cour impériale, ce sont la famille de l’Empereur évidemment. L’Empereur lui-même est tout un personnage. Caractérisé par son génie militaire, ses capacités de général, sa science, sa bravoure et son sens stratégique, c’est un homme infiniment courageux, qui a plusieurs fois risqué sa vie et pour qui la nation, la gloire et l’honneur sont les choses les plus importantes. Vous le trouverez peut-être sauvage parce qu’il parle peu et qu’il adresse de nombreuses critiques à tous, mais il se distingue par son incroyable intelligence et sa force de travail. Saviez-vous qu’il peut travailler jusqu’à 18 heures par jour ? Et sur un champ de bataille ! Magnifique ! Ce n’est pas étonnant qu’il soit un dieu pour tous ses soldats, surtout pour les grognards.

-Et sa femme, monsieur ?

-Ah ! L’Impératrice Joséphine ! Elle est un phénomène. Jamais, je n’ai connu de femme aussi coquette et dépensière. Elle était une grande beauté du temps du Directoire, elle était une Merveilleuse. Elle est passionnée par la botanique et adore les fleurs, autant que les robes. C’est une femme dans tout le sens du mot. Gracieuse, douce, soumise, mais légèrement intrigante. Malgré leurs tromperies respectives, tous les deux s’aiment beaucoup. Mais la pauvre Impératrice est fortement malmenée par sa belle-famille.

-C’est eux qui l’appellent « la Vieille » ?

-Exactement. Il faut dire que la plupart d’entre eux ont l’âge des enfants de l’Impératrice. Joseph, l’aîné, est un homme qui était certainement destiné à être notaire. Quand bien même qu’il essayerait de jouer le politicien, il ne s’en sort jamais et s’attire toujours les critiques de l’Empereur, qui l’aime tout de même beaucoup. Lucien… Ah, Lucien ! Il est un révolutionnaire, certainement un républicain. C’était un jacobin, ami de Robespierre, il est écrivain. Il n’est pas un prince, tout simplement parce qu’il a épousé une fille qui ne convenait pas aux goûts de l’Empereur. Il fait figure de rebelle dans la famille Bonaparte. Louis est le Roi d’Hollande, il n’est pas totalement dénudé de sens politique, si vous voulez mon avis. Mais son caractère ne lui permet guère d’obéir à son frère ; ces deux-là se chicanent bien souvent. Au cœur de ses disputes, la pauvre Hortense, mais d’elle, on en reparlera tout à l’heure. Jérôme est le plus jeune de la famille ; il a lui aussi contracté un mariage qui n’a pas plu à l’Empereur. Libertin, jeune et porté sur les bals, les fêtes, il est dépensier et frivole, tout fier de sa position resplendissante du monde, multipliant les maîtresses. Elisa est la seule femme de la famille qui a un certain sens politique. Elle administre bien son grand-duché, probablement avec plus de poigne que Joseph. Ambitieuse, elle n’a pas la beauté de ses deux sœurs, mais elle le compense suffisamment par son esprit piquant et brillant. Caroline est l’ambitieuse de la famille. Mariée à Murat, elle n’hésite pas à calomnier les autres pour monter plus haut. C’est une des reines de l’Empire, ses bals sont courus et elle s’entoure d’un luxe fastueux. Quant à Pauline, elle porte une véritable vénération à Napoléon et elle lui est toujours fidèle, au point qu’on raconte qu’il y a quelque inceste là-dessous ! C’est la plus belle de l’Empire, magnifique et toujours courtisée de toute part. Voulant sans doute protéger son frère, elle est la pire ennemie de Joséphine. Les enfants de Joséphine, tous deux adoptés par l’Empereur, ont tous les deux un grand rôle dans la Cour. Eugène a toujours été très droit envers son père. Il ne l’a jamais abandonné, ni montré la moindre réelle ambition. Ces titres, il les doit à son courage, à sa fidélité envers l’Empereur. Bon militaire, comme bon politicien, je suis certain qu’il lui arrivera de grandes choses. Quant à sa sœur, Hortense, c’est la mécène de l’Empire. Éprise de toute forme d’art, dont elle se sert pour s’évader de son malheur mariage avec Louis Bonaparte, elle tient un salon, qui regroupe les artistes. Grande danseuse et musicienne, elle est toute dévouée à son beau-père et beau-frère. Louis soupçonne même qu’elle est son amante et que par conséquent, ses enfants sont ceux de son frère et non les siens. Pauvre Hortense ! Tout le contraire de sa cousine, Stéphanie de Beauharnais, adoptée par l’Empereur, qui avait apparemment un faible pour elle, est la joie de vivre incarnée, on célèbrera même son mariage quelques jours après votre arrivée à la Cour.

-Et les autres, monsieur ?

-Ah ! Comme vous êtes naïfs, les enfants. Comme si on pouvait tous les nommer, entre les artistes, les militaires, les courtisans, les femmes des uns et les maîtresses des autres, on ne peut tout comprendre avant d’arriver aux Tuileries. Vous saisirez tout cela là-bas !
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