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 Jalousie. [Libre!]

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Charles de Berry
Charles de Berry
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Messages : 154
Date d'inscription : 19/04/2010

Feuille de personnage
Désirs: Avouer mon terrible secret à Mademoiselle de Manseau...
Secrets: J'aime comme un fou la femme que j'ai poussée dans les bras de mon pire ennemi.
Jalousie. [Libre!] Empty
MessageSujet: Jalousie. [Libre!]   Jalousie. [Libre!] EmptyDim 9 Jan - 17:09

Cette sensation. L'impression de vide. Le sentiment des entrailles qui se resserrent, se tordent, la sensation de mourir et l'incongruité du respire. Le monde est un paradoxe. La vie est paradoxale et tout ce qui la compose est paradoxe. Le duc mourrait, et vivait tout à la fois. Mourir et vivre simultanément. C'était trop.

Charles avait reçu la visite de l'un de ses espions, dans la journée. Mademoiselle de Manseau est très près de l'Empereur, avait-il dit. Elle avait partagé sa couche, avait-il dit. Elle avait laissé les mains de l'ogre la caresser, avait laissé ses lèvres la baiser, avait laissé son regard errer sur elle et l'avait laissé la prendre, avait conclu le duc. La jalousie le tenaillait tant et tant et ne pouvoir l'exprimer n'en augmentait que davantage la brûlure. Pourquoi ne pouvait-elle être sienne? Que lui avait-il pris de lui confier pareille mission? S'était-elle abandonnée à l'Empereur? Avait-elle consentit avec répugnance ou s'était elle donnée avec ardeur, désir même?

Ce questionnement lui était insoutenable. Imaginer la belle Gabrielle dans les bras de son pire ennemi lui soulevait le cœur, en plus de le briser. Il ne cessait de tenter de se convaincre qu’elle était sincère dans ses convictions et que c’était forcément une tactique comme une autre d’entrer dans les secrets de l’Empereur… D’ailleurs, n’était-ce pas ce qu’il lui avait demandé de faire ? Ne lui avait-il pas confié comme mission d’infiltrer l’Empire pour le détruire de l’intérieur ? Cela n’impliquait-il pas de se rapprocher de Napoléon et de le séduire, de la façon la plus explicite qui soit ? …Dieu qu’il avait été stupide. S’amouracher d’un outil de destruction, voilà qui avait fait de lui un homme bien faible, tenaillé de jalousie et inlassablement tourmenté. Il fallait à tout prix qu’il se divertisse un peu… pour oublier cette diablesse de Gabrielle. Gabrielle… elle qui avait pourtant le nom d’un ange.

Il avait fait porter une missive à sa maîtresse, la jeune Félicité Préfontaine. Elle était venue à son hôtel, joliment vêtue et le rose aux joues. Elle était bien jeune, pour le duc, mais se débrouillait à merveille sous les draps. Il avait habitude de se plaire en sa compagnie, bien que la chair était ce qui les réunissait vraiment et qu’ils ne partageaient pas particulièrement d’autres intérêts communs. Elle avait eu beau le questionner sur son humeur exécrable, le duc n'avait à peine prononcé mot. Il l'avait entraînée jusqu'à ses appartements pour la prendre sans ménagement, sans douceur et sans doute sans son plein consentement. Colérique, malheureux, jaloux et frustré, le duc avait eu l'envie de la briser, de lui faire mal, de l'utiliser pour satisfaire sa luxure et une fois qu'il avait eu terminé, qu'elle se fut rhabillée et qu'elle eut quitté la pièce non sans un regard blessé et hautain adressé au duc, il avait fondu en larmes. Il agissait en monstre.

Tard dans la soirée, il était sortit sans avertir personne et s'était rendu à la taverne de l'Aigle, oubliant du mieux qu'il le pouvait le titre de l'enseigne, qui faisait bouillonner sa rage.

- Vadeboncoeur! Je ne sors pas d'ici sur mes deux jambes, héla-t-il à l'adresse du tenancier, qu'il connaissait depuis de nombreuses années.

Un échappatoire. Un exutoire. Il fallait tuer cette sensation de mort, cette jalousie, cet intenable sentiment d'échec et cette déprime latente.

Lorsqu’il sortait dans ce genre d’endroit, le duc se faisait passer pour Monsieur Beauchemin et il était rare qu’il fût reconnu d’un client. Ce n’était certes pas très prudent, mais Xavier, le tenancier, était l’un de ses bons amis depuis longtemps et Charles avait confiance en lui… Il savait que dans son établissement, il courrait peu de risques. De toute façon, bien qu’étant le fils du chef des Ultras, personne ne pouvait réellement prouver sa participation à un quelconque complot contre l’Empereur et Paris était à ce point en liesse du fait des dernières victoires de Napoléon, l’Empire était tellement à son apogée que nul ne se souciait plus réellement de la menace royaliste.

Et s'enchaînèrent les consommations, suivies des parties de cartes. Le duc fut d'abord chanceux, puis perdit quelques fois de suite et se retrouva vite sans le sous. L'alcool coulait à flot et les mécréants qui l'entouraient parlaient fort, chantaient, fumaient et se lançaient entre-eux des répliques cinglantes, comme provocation. Le duc participait, non mécontent de provoquer les autres, une lueur brûlante dans les yeux.

- C'est bien certain, Miran, qu'toi ta femme s'plaint pas, tu la culbutes plus depuis longtemps, c'est chez moi qu'ell'vient ! criait l'un.

- Pourquoi tu t'occuperais pas d'ta femme a toi, Bouillon? Je l'ai vue dans Montmartre à moitié nue offrir ses services. Tu devrais la surveiller! rétorquait l'autre.

Le duc éclata de rire en regardant le dénommé Bouillon et celui-ci, frustré, s'apprêta à ouvrir la bouche pour lancer une réplique, quand son regard fut attiré par une personne derrière le duc. Une voix s'éleva parmi les autres.

- En tout cas moi, ma femme, je l'envoie pas chez le lion comme vulgaire chair à canon.

Comment ce jeune homme pouvait-il savoir de pareilles choses? Car c’était forcément un jeune homme, avec la voix qu’il avait. Une voix trop douce, trop élevée, trop légère. Cherchait-il à blesser le duc, ou voulait-il simplement être certain d’attirer l’attention ? Charles, piqué au vif, mit une seconde à se retourner pour empoigner brusquement à la gorge celui qui avait osé prendre la parole ainsi… puis ouvrit de grands yeux étonnés.
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